C’est au moment où son journal s’apprêtait à mettre sous presse, aux premières heures du mardi 13 juillet 2010, que des sources dignes de foi ont fait état du décès de Pius N. Njawé, président de Free Media Group, entreprise éditrice du quotidien Le Messager dont il était par ailleurs le directeur de publication. A la suite d’un accident de circulation survenu aux Etats-Unis d’Amérique où il séjournait depuis vendredi 9 juillet 2010 à la faveur d’une convention qui s’est tenue samedi 10 juillet 2010 à Washington DC, sous la houlette de la diaspora camerounaise pour le changement (Camdiac), Pius Njawé s’en est allé tragiquement.
Revenant sur les circonstances de ce terrible accident, le site internet du quotidien Le Messager rapporte que le chauffeur qui le conduisait en Virginie tentait de remonter une roue de la voiture qui a crevé quelques minutes plus tôt sur l’autoroute Ruismond, à Cheaspeake, en Virginie. C’est alors qu’un camion roulant à tombeau ouvert les a violemment heurtés, tuant sur le champ Pius Njawé. Il était 14h 55 en Virginie et 23 h au Cameroun. Le chauffeur serait dans un état critique. Ironie du sort, le fondateur du Messager a perdu son épouse, Jane, dans un accident de la circulation survenu au Cameroun, entre Douala et Yaoundé. C’était il y a quelques années. Il avait même fondé une association (Jane & Justice) pour la sécurité routière et la prévention des accidents.
Né le 4 mars 1957 à Babouantou, dans le département du Haut-Nkam, dans la région de l’Ouest, Pius Njawé entre dans la communication comme garçon de course au journal « Semences africaines » fondé par René Philombe. Un emploi qu’il a exercé de 1972 à 1974. Plus tard, il est recruté à l’hebdomadaire la Gazette. C’est à l’âge de 22 ans qu’il décide de prendre son destin en main en créant Le Messager, qui fut d’abord hebdomadaire avant de devenir quotidien. Dès lors « Njangui », comme l’appelaient affectueusement ses confrères, engage un combat acharné pour les libertés et le respect des droits de l’Homme. Un combat qui l’a envoyé 126 fois en prison durant une trentaine d’années d’une carrière journalistique bien remplie.
Son groupe de presse faisait l’objet de nombreuses censures et de pressions diverses de la part du régime du président Paul Biya. Le défunt journaliste n’avait de cesse de dénoncer la situation critique du journalisme indépendant au Cameroun. Diverses distinctions lui ont été décernées pour saluer son engagement en faveur d’une presse libre et démocratique dont le Prix de la libre expression en 1991 et la Plume d’or de la liberté en 1993. La rédaction du journal Alwihda Actualités s’incline devant la mémoire de cette icône de la liberté de presse en Afrique et présente ses sincères condoléances à sa famille, aux confrères du Messager et à tous les journalistes du Cameroun.
La Rédaction d'Alwihda